dimanche 29 avril 2012

Parcours d'artistes (le retour)

Etape 4
Toujours sur la colline Ste-Croix, je suis entré dans la belle église des Trinitaires. Cet endroit est devenu une salle d'expo très belle mais qui mériterait une petite rénovation (mais légère...il lui faut garder son caractère authentique avec ses murs délavés)...


Là, pas mal d'artistes....Mon attention s'est focalisée sur une statue faite de fer (de Jean-Marie Brenière) ajouré d'un personnage messin qui nous a quitté, il y a peu. Il s'agit de Jean-Luc Moresi, libraire d'anciens qui exerçait son commerce rue des Jardins.

L'ombre du cimaise installé récemment sur le mur, assombri les lunettes de la statue, le libraire devient un instant, le Zorro des vieux libres en danger.


Deux collages intéressants, le premier, Regarder longtemps est d'Hélène Roux, bandelettes collées......à l'horizontal, dégageant une impression abstraite mais laissant l'imagination de nous envahir pour y trouver un peu de figuration.
Le second est un collage très vif en couleur de  Boris Kratschmar intitulé p39 Ali en est baba


Puis, un tableau composé d'une cinquantaine de gravures de François Drapier : d'un printemps à l'autre....projet qui avait pour but d'illustrer l'actualité de le semaine pendant un an par la technique de la gravure....Il en a fait un tableau patchwork....très intéressant.



Etape 5 : un tour à Lorry....extension périphérique du parcours d'artistes...Le luthier, Alain Meyer accueillait dans sa belle maison des artistes....René Taesch, Lydie Tremblet, Hélène et Nicolas Roux, Patrick Kuhn et d'autres...encore

Les pénombres d'Hélène Roux.

Les grands portraits de Patrick Kuhn



Alpes, encre de Chine sur papier Arches......dessins aux traits très épurés de paysages alpins.



Un beau travail sur les non-lieux de Nicolas Roux.....parkings, échangeurs et ZAc sont photographiés et en dessous de chaque photo, une liste de courses retrouvée dans les caddies des supermarchés....


Voilà, ce petit parcours d'artistes m'a donné faim....de création.

Jean-Christophe Diedrich

Parcours d'artistes à Metz

Metz regorge d'endroits sympathiques mais  regorge aussi d'artistes plus ou moins reconnus.

Cette année encore, l'opération Parcours d'artistes permet aux artistes de s'exposer et aux curieux d'entrer dans des ateliers ou des endroits bien sympathiques.
35 lieux étaient ainsi ouverts ce week-end pour 110 artistes : des peintres, des graveurs, des photographes et des sculpteurs essentiellement.

Je n'ai hélas pas eu le temps de tout voir mais voici mon parcours d'artistes.

Etape 1 
La Conserverie est un chouette projet mené par Anne Delrez (photographe) qui collecte depuis longtemps, les photos de famille. Elle en fait, un lieu, un "conservatoire" qui lui donne une matière première, inédite pour faire des Expos touchantes.
"La pratique de la marche en avant" raconte les gens endimanchés qui se faisaient prendre en photo en marchant dans la ville ou la campagne....




Etape 2 
Le café Jehanne d'Arc accueillait deux artistes mais mon attention s'est portée sur le plus grand, le plus humble, le meilleur (bon, ok, je ne suis pas objectif, mais c'est un grand et un grand ami, je vous jure).
François Drapier exposait ses gravures, ses linos, ses aquarelles dans les caves de la Jehanne.....bon, pas top pour faire des photos. Mais, le bon François accueillait les gens, expliquait sa démarche et la technique de la gravure...
Les gens l'interrogeaient avec un peu de naïveté....Est-ce que vous en vivait ?  ....Ben, non !!!

(notons, par correction que l'autre artiste, ici sur la photo se nomme Joelle Desanlis)


Etape 3

Non loin, de la Jehanne se trouve, 2, rue des écoles, la cour Ste Croix et ses ateliers si sympathiques...
Motus tout d'abord, avec de chouettes sculptures.... Juliette Meco (Super enceinte et super sympa) m'accueille avec un large sourire de future maman.....Ces sculpteurs ont l'air heureux de présenter leurs œuvres...Je n'ai pas osé faire de photos...Je me demande encore pourquoi  !

Puis je rentre sur la pointe des pieds dans l'atelier  de Philippe Buiatti et Jean-Marie Wubnderlich.....Ils accueillent aussi une jolie photographe mais j'en ai oublié le nom.
Cet atelier est magnifique, les statues, les outils, la petite cuisine.... rendent ces lieux  d'artistes comme on se les imagine !!!
La photo de Philippe Buaitti me fait penser à celles qu'on retrouve souvent de Picasso.... Merci à lui, il m'a accordé le droit de le photographier avec un grand naturel.


ça, c'est l'atelier de JM Wunderlich

J'adore, ces belles femmes de Buiatti, aux jambes interminablement longues !


Je continue sur un second post................pour l'étape 4 et 5


Jean-Christophe Diedrich





jeudi 19 avril 2012

Chroniques de Jérusalem, une chronique d'une région trop Sainte



Guy Delisle a reçu pour ce livre le grand prix d'Angoulême (fauve d'or de la BD) en 2012 et il le mérite.
Le dessinateur canadien a vécu environ un an à Jérusalem-Est alors que sa femme travaillait à Gaza pour Médecin Sans Frontières.



Comme pour Pyongyang ou Shenzhen, Guy Delisle raconte sa vie au quotidien dans un pays qu'il ne connaît pas. Dans le cas présent, il nous décrit la vie dans une région du monde bien compliquée. Il essaie sans a priori partisan de comprendre les frontières, les murs, les traditions, les communautés, les religions, les radicalismes à travers sa petite expérience. Il n'y a pas ici de grands discours sur comment, il faudrait régler le conflit Israëlo-arabe mais souvent il raconte que lui et les autres habitants sont les otages du royaume d'Ubu : routes barrées, mur de séparation, racisme et radicalisme religieux sont les ingrédients d'un monde où les religions dictent non seulement la spiritualité mais aussi tous les aspects de la vie.

Il nous montre également que Jérusalem est une ville trois fois saintes et donc trois fois plus compliquée que n'importe quelle ville du monde. 


L'auteur, comme je le disais, ne se rend pas à Jérusalem pour y défendre une cause pour autant, le lecteur est bien obligé de constater que la situation dans les territoires occupés n'est pas digne. L'immense mur construit autour du futur Etat Palestinien n'est pas sans rappeler le mur de Berlin. Les violences sont nombreuses, les armes omniprésentes et les deux communautés ont accumulé des haines qui ne peuvent s'effacer par un simple traité. 



La place faite dans le livre aux colonies juives dans le futur Etat palestinien laisse au lecteur une drôle d'impression d'injustice et de Casus Belli  pour l'avenir.  Ces colonies sont d'ailleurs illégales selon le droit international et généralement peuplées des Juifs les plus radicaux prêts à en découdre avec les Arabes. 
Il n'est évidemment pas question dans le livre de mettre au pilori tous les Juifs d'Israël qui pour beaucoup souhaiteraient aussi un pays pacifié. 

Le travail bien documenté de Guy Deslile, nous montre par une série d'anecdotes que l'occidental, le chrétien n'est pas forcément le bienvenu.  Les tracasseries multiples aux frontières et aux checkpoints illustrent bien un Etat qui vit dans la crainte et qui se laisse déborder par la logique d'une frange de sa population la plus radicale. Et puis, les Chroniques s'attardent aussi sur le petit monde des expatriés qui vivent un peu entre-eux sans véritablement réussir à se lier avec les populations autochtones. 

Une image m'a particulièrement marqué : il s'agit de la ville d'Hebron (en Cisjordanie) où on trouve une colonie juive qui occupe une partie de la ville et qui doit s'isoler en raison de la haine intracommunautaire. On a recouvert de grillages l'une des rues dans laquelle  les colons juifs n'ont pas accès mais qui déversent tout ce qu'ils ont sous la main.


Pour conclure, le ton de cette BD a réussi à trouver la juste distance entre humour, candeur (souvent feinte) et souci documentaire. Ce qui était une vraie gageure quand on voit les publications militantes pleine d'arrières pensées. Bien sûr, le fait que Guy Deslile soit Canadien et athée permet cette distance. Le fait qu'il prenne part à la vie des habitants avec sa femme et ses enfants, pendant une année, rend encore plus crédible ses impressions. Enfin, c'est par la multiplication des anecdotes parfois insignifiantes que se construit un regard complexe et nuancé du royaume d'Ubu où les 3 Dieux (des grandes religions monothéistes) ont décidé d'apparaître aux hommes pour leur plus grand malheur !


PS : je viens de relire mon article sur Pyongyang, je parlais déjà du royaume d'Ubu, Guy Deslile est décidément l'auteur qui s'invite dans les parties du monde les plus ingérables ! Je suis curieux de savoir où il pourra bientôt se rendre, pour de nouvelles aventures.....sorte de Tintin du XXIe siècle !



Pour aller plus loin :
http://mondomix.com/blogs/samarra.php/2011/12/08/les-chroniques-de-jerusalem
http://alamagie-des-yeux-doli.over-blog.com/article-chroniques-de-jerusalem-guy-delisle-90642893.html
http://www.telerama.fr/livre/la-bonne-distance-des-chroniques-de-jerusalem,74992.php#xtor=RSS-22

JC Diedrich