dimanche 5 octobre 2008

La Vierge, l'Enfant Jésus et Saint Jean - Baptiste par William Bouguereau

William Bouguereau (1825, La Rochelle – 1905, La Rochelle) est un des maîtres de la peinture bourgeoise et académique qui domine la vie artistique française de la fin du XIXème siècle, si l’on en juge par le succès inouï de ses œuvres et de la répercussion de son enseignement. Entré à l’Ecole des Beaux – Arts de Paris en 1846, il est Prix de Rome en 1850. Bouguereau attira le grand public par ses allégories et ses compositions mythologiques. Membre de l’Institut à partir de 1876, il règne avec Cabanel sur le Salon annuel qu’il maintient dans un académisme officiel, repoussant systématiquement les recherches nouvelles de Manet et des Impressionnistes.








I. Présentation de l’œuvre

Titre de l’œuvre : « La Vierge, Jésus – Christ et Saint Jean – Baptiste »
Auteur : William Bouguereau
Date de réalisation : 1875
Type de l’œuvre : tableau, huile sur toile
Dimensions : 48,2 x 33 cm
Lieu de conservation : collection privée
Genre : Scène religieuse
Contexte historique : A ce moment - là, l’Académisme est à son apogée. Cependant, certains artistes comme Monet veulent innover et se détacher des canons stricts et précieux de l’Institut des Beaux – Arts. William Bouguereau est l’artiste même de l’Académisme s’occupant du Salon de l’Institut.



II. Analyse technique de l’œuvre :


Description : Une femme, représentant la Vierge Marie, est assise sur un trône et tient sur ses genoux un bébé, représentant Jésus – Christ. Celui-ci est embrassé par un autre enfant qui se tient debout aux pieds de Marie, c’est Saint Jean – Baptiste. La Sainte Vierge porte un voile et une robe qui recouvre entièrement son corps hormis ses pieds. Une auréole se dresse au dessus de sa tête. L’enfant Jésus est nu, cependant le peintre a fait dépasser un drap sur son sexe. Saint Jean-Baptiste porte lui une peau d’animal. Il n’y a pas de lieu défini, on représente ainsi trois personnages bibliques, ayant une grande importance pour l’Eglise.

La composition : Ce tableau est composé d’un triangle renversé qui englobe les trois personnages. La composition est équilibrée et s’organise autour d’un axe de symétrie basé sur le baiser des deux

La technique utilisée : C’est une peinture à l’huile.
Le dessin : Les traits sont tout à faits nets. De plus William Bouguereau répond avec précision aux normes de l’Académisme , notamment en peignant la peau des personnages d’une blancheur particulière, lisse et minutieuse. Cette peinture nous fait ainsi penser à la Renaissance où de nombreuses scènes religieuses ont été peintes, sculptés,…

Les couleurs, la lumière : La lumière vient d’un point en haut à gauche du tableau et enveloppe les deux enfants de telle sorte que l’on peut dire que ce sont eux qui attirent la lumière. En effet, la lumière semble exalter leur corps. Cette mise en lumière met en valeur l’Enfant Jésus.
William Bouguereau utilise plusieurs tons de couleurs. En effet, les deux couleurs de l’habit de la Vierge sont contrastées, le bleu faisant partie des couleurs froides et le rouge des couleurs chaudes. De plus, le blanc connaît dans ce tableau un dégradé : le blanc cassé du voile de la femme, l’habit de Jean-Baptiste frôlant le gris, la blancheur du trône et le blanc parfait des corps. L’arrière plan est fait d’un dégradé de gris de manière à ce qu’il fasse référence à la couleur du marbre. Toutefois, le blanc, avec toutes ses nuances, est la couleur dominante. Les motifs sur le trône, au niveau des accoudoirs, est peint à partir de couleurs chaudes ( rouge, orange, ocre ). La mise en scène est, en outre, typique de l’Académisme : on trouve des personnages figés, sans aucune action.


III. Interprétation de l’œuvre.

William Bouguereau met en scène, dans ce tableau, trois personnages bibliques :« La Vierge, l’Enfant Jésus et Saint Jean-Baptiste », qui donne le nom à l’oeuvre.

On peut donc retrouver une certaine interprétation en partant de l’Histoire même de la Bible. En effet, la simplicité de Marie et son humilité sont illustrées par le regard de Marie les yeux baissés pour les deux enfants, tenant sa propre tête d’une main. On peut dire que Bouguereau a en quelque sorte imagé la réponse que la Vierge a adressé à l’Archange Gabriel quand il lui a annoncé que Dieu l’avait choisi pour qu’elle soit la Mère de son Fils Jésus Christ : « Je suis la servante du Seigneur ; qu’il m’advienne selon ta parole » (Evangile de Saint Luc). Marie choisit ainsi une vie retirée où elle servira sans cesse son Dieu, d’où ce visage simple dépourvu de tous sentiments apparents. Si William Bouguereau a orné la Vierge d’une auréole c’est parce qu’elle est considérée comme une sainte depuis plusieurs siècles par l’Eglise et même Reine du Monde. De plus, le bleu de sa robe n’est rien d’autre qu’une couleur « mariale ». Le voile qu’elle porte sur la tête doit très certainement la pureté de la Vierge, elle n’a jamais été « consommée ».


Jean Baptiste est le cousin de Jésus. Il le baptisa et l’introduit ainsi dans son ministère, dans sa vie publique. Autrement dit, Jean Baptiste est une rencontre essentielle dans la vie de Jésus. On reconnaît donc dans le baiser échangé le lien fondamental qui lie Jésus à Jean Baptiste. On peut penser que le peintre a fait figurer ces deux personnages en tant qu’enfants pour bien dire que tout est déjà écrit dans le cœur de Dieu, que l’histoire même de Jésus était déjà écrite avant que son message ne soit délivré. On reconnaît Jean Baptiste grâce à la peau de bête qu’il porte. En effet, il est dit dans la Bible que « Jean avait un vêtement en peau de chameau et un pagne de cuir autour des reins ». Il n’y a pas de véritable symbole qui distincte l’enfant Jésus, cependant, l’élément du baiser n’est pas une nouveauté : l’icône « La Vierge à l’Enfant » de Vladimir, créée au XIIème siècle ; présente ainsi Jésus embrassant Marie.


On peut dire que William Bouguereau montre la majesté de ces trois personnages étroitement liés en les présentant sur un trône. On voit ici la part mystique de l’œuvre : la scène se trouve dans un lieu irréel qui pourrait s’apparenter au Paradis, selon les croyances. Il symbolise dans ce tableau la bienveillance, par le regard de Marie, l’innocence par le baiser des deux enfants. Donc ce tableau a pour premier intérêt de représenter la majesté de la Vierge et l’échange de Jésus et Jean Baptiste dès leur enfance, échange qui transformera leurs vies à chacun.


Lola Mehl.


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